Au nom des Républicains, j’interpellais ce soir le Premier Ministre et le Ministre des solidarités et de la Santé à l’Assemblée Nationale, dans le cadre du débat sur la stratégie vaccinale à adopter en France:
La question que se posent tous les Français est très simple : allons-nous vivre une année 2021 identique à l’année 2020 ? Allons-nous enfin sortir de cette pandémie ? Depuis mars dernier, les désillusions ont été nombreuses. Le triptyque « tester, tracer, isoler », si prometteur, s’est révélé être un outil peu et surtout trop tardivement utilisé.
Le Gouvernement n’a cessé d’être en situation de réaction plutôt que d’anticipation. Si nous souhaitons que les gestes barrières ne soient dans quelques mois qu’un lointain souvenir, nous devons prendre en considération non seulement la saturation psychologique qui affecte les Français, mais surtout leur scepticisme face à l’arrivée d’un vaccin contre la covid-19. Nous le savons, les Français craignent ce vaccin ; 59 % d’entre eux affirment qu’ils n’ont pas l’intention de se faire vacciner.
Si nos concitoyens sont aussi méfiants, c’est avant tout en raison d’un manque évident de pédagogie et de transparence. Nous devons faire la lumière sur les conditions de création de ce vaccin et sur sa fiabilité, afin de retrouver la confiance de la population. La médecine n’est pas une science exacte, mais les experts semblent s’accorder sur le fait que l’efficacité de ce vaccin serait satisfaisante. Pour autant, certaines inquiétudes demeurent s’agissant de la tolérance au vaccin : il faut aussi en parler.
Nous devons fournir l’ensemble des informations, pour que chacun puisse décider en son âme et conscience de se faire vacciner. Il semblerait que les effets secondaires du vaccin soient plus fréquents chez les sujets jeunes et en bonne santé. De plus, si les vaccins développés permettent d’éviter de déclencher des formes graves, ils ne limitent pas la transmission du virus.
Au regard de l’analyse en termes de bénéfices rapportés aux risques, il semblerait que cette campagne de vaccination gagne à se concentrer en priorité sur les personnes âgées, sur celles atteintes de comorbidités et sur le personnel soignant.
Je suis donc très surprise de constater que les personnes âgées isolées à domicile ne figurent pas parmi les publics prioritaires de la première phase.
Je tiens également à rappeler que pour le groupe Les Républicains, il est important de laisser le choix à chacun de se faire vacciner ou non.
Sans confiance, il ne peut y avoir de campagne de vaccination de grande ampleur. La pédagogie devra être le maître mot de la stratégie de vaccination.
Nous sommes également inquiets s’agissant de la plateforme « signalement-santé », qui permet d’enregistrer les effets indésirables des vaccins. Selon les soignants, les pharmaciens et les patients, cet outil n’est pas suffisamment pratique pour être utile à l’analyse des impacts du vaccin.
Nous avons par ailleurs la chance inouïe de pouvoir observer ce qui va se dérouler dans les pays voisins. Oui, l’Union européenne fait un choix collectif de prudence et de précaution. Nous ne pouvons l’en blâmer.
Profitons donc de ce temps pour étudier les différentes campagnes de vaccination déjà lancées en Russie, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Le défi logistique exigé par la vaccination, tout comme la réaction des populations aux différents vaccins en situation réelle, seront particulièrement utiles à la mise en place de notre propre stratégie.
Vous devez à cet égard vous appuyer sur les collectivités territoriales pour réussir la campagne de vaccination. Nous avons peut-être l’occasion d’enrayer une crise sanitaire inédite. Ne faites pas l’erreur de laisser les collectivités locales sur le bord du chemin : elles connaissent la population de leur territoire bien mieux que les ARS et disposent des infrastructures et des moyens matériels pour mener à bien ce déploiement. Les élus locaux et les professionnels de santé enrôlés jouissent d’un fort capital de confiance auprès de nos concitoyens et ils sauront prendre toutes leurs responsabilités.
Après une mauvaise gestion du stock des masques, un retard du déploiement des tests, mais aussi des difficultés d’approvisionnement en vaccins contre la grippe, espérons que nous ne subirons pas la même impréparation. Tous ceux de nos concitoyens qui le souhaitent doivent pouvoir se faire vacciner dans les plus brefs délais.
Nous avons été élus, vous avez été élus pour gouverner. Gouverner c’est prévoir, mais c’est aussi, avant tout, agir en responsabilité. La société que nous connaissons est devenue procédurière, c’est vrai. La responsabilité pénale et politique de chacun d’entre nous peut être mise en jeu, devant un tribunal comme devant nos électeurs. Mais c’est justement ce sens des responsabilités qui doit nous conduire à agir et non à nous cacher derrière un sondage ou un commentaire.
La situation sanitaire, sociale et économique est inédite ; elle nécessite de votre part, comme de la nôtre, un engagement plein et entier pour l’avenir des Français.